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Henry and June

WardDepuis « L’insupportable légèreté de l’être», Philip Kaufman se veut le plus européen des cinéastes américains. Après Milan Kundera, il s’attaque ici à un ouvrage d’Anaïs Nin et, à travers lui, à un personnage mythique de la littérature américaine : Henry Miller. Le titre, mettant aussi bien l’accent sur June, l’épouse de Miller, que sur Henry, annonce les intentions de l’auteur : c’est un portrait sentimental et non une approche idéalisée ou abstraite d’un artiste en pleine création que Kaufman veut faire. Le filtre Anaïs Nin servant à la distance critique nécessaire. Le pari n’est que partiellement tenu. Miller, dessiné à gros traits, bénéficie quand même d’une réelle épaisseur, grâce à la composition sensible de Fred Ward qui s’est visiblement passionné pour le personnage.

Mais le scénario laisse dans le flou le personnage de June, dont on a du mal à comprendre les motivations. Dès lors, le film devient une love story banale, que sauve partiellement une reconstitution soignée du Paris des années 30, magnifié par une splendide photo. Kaufman a du talent et signe ici une œuvre ambitieuse. Mais comme dans «L’impossible légèreté de l’être », il dérape en chemin et n’atteint pas son but. Henry Miller a lui-même raconté ces épisodes de sa vie avec moins d’intellectualisme, plus de franchise et de santé. Bref, il manque à ce film une vigueur toute millérienne.

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