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Entretien avec Jean, délégué général de l’Alpa (Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle)

Encore un joli coup de filet à Aix-en-Provence : un trafic de vidéocassettes, qui durait depuis deux ans entre Grenoble et Perpignan, vient d’être démantelé par l’Alpa. Originalité : les trafiquants livraient a la commande des cassettes sérigraphies, mais non enregistrées, carrément vierges. Une affaire étonnante en cours d’instruction «dont on n’a pas encore pu parler dans les termes qu’elle mériterait», souligne Jean Seinati.

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Moins intensive qu’en 1985, la piraterie représente toutefois 10 % du marche de la vidéo et s’adapte a révolution des technologies et de la demande. «L’expansion des cassettes a la vente a engendré une autre forme de contrefaçon, moins axées vers le secteur locatif, qui se joue sur l’acquisition des droits d’un titre plus ou moins légalement. On rencontre les mêmes déboires que le marche du disque autrefois. L’achat des droits à l’étranger, dont on a peu de traces, et les problèmes de reconduction des copyrights, notamment pour les films américains, représentent une forme de piraterie difficile à enrayer qui finit devant un tribunal. Et pendant la durée de la procédure, ces cassettes circulent…» L’essor de la vidéo dans les grandes surfaces ne freine pas toujours le trafic «Une centrale d’achat n’a pas le pouvoir de vérifier si un éditeur possède ou non les droits d’un titre achetés en grand nombre». Et les vidéoclubs dans tout ça? «L’affaire du Var est significative de certaines complicités, mais la profession est devenue beaucoup plus sérieuse au fil du temps, les opportunistes peu motivés ont été éliminés. La contrefaçon s’oriente vers les lieux plus populaires, comme les Puces, pour toucher d’autres classes sociales». Issues d’un matériel de plus en plus sophistique, ces cassettes passent totalement inaperçues. «Il est parfois impossible de distinguer à l’œil nu le vrai du faux, précise Jean Seinati. En tant qu’agents assermentes considérés comme « experts », les enquêteurs de l’Alpa accompagnent les services de police ou de gendarmerie lors des perquisitions. Nous envisageons un système holographique de stickers, déjà utilise en Allemagne, pour identifier les cassettes licitement dupliquées.» Avis aux éditeurs. La France est, en revanche, relativement protégée des cassettes pirates importées de l’étranger par son standard Secam et, surtout, par la réticence du public a regard des VO. Optimiste, l’Alpa ?

Il est parfois impossible de distinguer l’œil nu le vrai du faux.»
« La situation s’est nettement améliorée, mais il ne faut pas relâcher la pression. Les sanctions prononcées grâce à la législation française sont extrêmement dissuasives et les gros réseaux se raréfient.» Dotée d’un effectif important et de nombreux adhérents (CNC, Sacem, CSEA…), l’Alpa peut lutter activement contre ces trafics. La diffusion publique de vidéocassettes réservées a l’usage prive est également un grand préjudice pour l’industrie cinématographique. Les écoles, cafés et centres de tourisme sont particulièrement concernés. Plus pittoresque est l’histoire de ce festival ciné en Nouvelle-Calédonie, dont le programme était constitué de… cassettes pirates! Intervention immédiate, saisie mirobolante.

L’apparition du câble, qui propose de nombreux films, sur les chaines étrangères, non édités en France, risque de relancer la piraterie. «Aux Etats-Unis, les majors compagnies n’acceptent de vendre leurs films qu’aux réseaux cryptes pour maitriser la réception et sanctionner la piraterie sur un territoire non prévu par le contrat. C’est actuellement la seule façon de contrôler la diffusion par satellite, conclut Jean Seinati. Depuis 1985, date de sa création, l’Alpe a remarquablement atteint l’objectif qu’elle s’était fixé. «Un jour ou l’autre, des informations remontent à la surface et les trafiquants sont neutralisés.» Patience et longueur de temps…

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